dimanche 26 octobre 2008

Shine A Light


Toulouse, Cannes, retour à Toulouse, passage à Paris.
Puis Barcelone via Toulouse, retour et nouveau départ, Londres cette fois ci, directement dans une impasse. Machines arrière direction Paris, via Toulouse, terminus Paris, pour le moment.


La batterie de mon ipod aussi vide que mes poches, ma barbe plus longue que mes dents, la file d'attente pour prendre un taxi à l'arrivée de l'eurostar a des airs d'énième bataille, comme si partout ou je devais aller nous étions trois cents pour un seul gagnant.
Peu importe je suis rodé, juste un peu de patience et je serais exaucé.
Un halo de lumière m'entourera, les projecteurs ou la main de dieu? Vous voyez. Toujours est il que les yeux seront braqués sur une personne, moi.
Attendre et espérer, c'est toujours une question de patience.
"L'élu" certains m'appelleront, "un génie" pour d'autres, la masse des aigris ou des plus connaisseurs se contentera du traditionnel "chanceux". Les faits seront là, trois cents braves qui n'ont rien à envier a des Spartiates n'auront su me resister, un à un victimes de coups violents, disparaissant face au rouleau compresseur de ma valise.
Ce sera enfin mon tour de monter dans le taxi.


Taxi qui me rapprochera un peu plus des prochaines échéances. France Poker Tour à Toulouse, Tournoi de Heads Up à Barcelone, EPT Budapest, EPT Varsovie...
Des noms fusent.
Easyjet, AB Skipper, Baccara, Vodka, Four Seasons, Air France, Frog, Blue Label, Europcar, Bon Plaisir, Vueling, Catwalk, Barceloneta, XO, Charles de Gaulle, Entrecote, Colosseum, Sambuca, British Airways, Razmataz, Terminal B, Hilton, E-Klub, Correspondance, Absinthe, 7, Check out.


Il était temps de recharger les batteries, d'un changement radical, de soleil peut-être, d'alcool surement, de faire la fête inévitablement.
Alors je suis parti avec Antony et Anthony à Marrakech.
Les conditions étaient réunies: courant pour recharger ipod et casque bose, cashgame au lieu des tournois, soleil (je crois), alcool (ni surement ni lentement), et inévitablement... Theatro, Pacha, Paradisio...


On peut dire qu'on a eu des bons guides. Antony Lellouche s'est comme d'habitude occupé de tout, Roger Hairabedian nous a invité à l'hôtel, Gilles Haddad nous a mit entre de bonnes mains, Bernard Boutboul nous a fait mourir de rire, et ... et que veut le peuple comme on dit? Des cashgames juteux? Vendu.


Je n'ai bien sur pas mis le pied dans la piscine mais plongé dans un océan de vodka, pas grillé au soleil mais flambé au casino, pas lu de livres mais bouquiné mes adversaires, pas fait d'excursions dans le désert mais ait exploré la ville de nuit, je ne me suis pas reposé mais... Je bloque la. Je pourrais dire "mais on dormira quand on sera mort" mais ça ferait trop skyblog d'une gamine fan de Kyo. On va faire dans l'autodérision, ca marche toujours l'autodérision.
Je ne me suis pas reposé mais, hé, on a le temps de dormir quand on se lève jamais pour faire le day 2.


Vendredi 17 Octobre, retour sur Terre, pour une retour sur mes terres. Toulouse capitale du rugby, de la saucisse et non pas du cassoulet (c'est Castelnaudary), est pour un week end la capitale du Poker. Enfin une des trois capitales, puisque le France Poker Tour pose ses valises dans trois villes en même temps.
Accompagné de Benjo je prend l'avion, pour retrouver le soir même la toujours aussi enceinte Alexia Portal, le toujours aussi délirant (passé deux bières et sur Téléphone uniquement) Régis, mes potes régionaux (toujours aussi pauvres), ma maison de toujours et ma 205 de tous les jours.
Vous l'avez compris ça fait bizarre.

A peine le temps de poser les valises, de faire tourner le moteur talbot de mon bolide, qu'on se rend au restaurant. Tout le monde est de bonne humeur, on boit du gaillac en mangeant du foie gras et des gros steaks. Les plus courageux (mention spéciale a Etienne car il était en béquilles) finissent au frog puis à l'Ubu, un club légendaire de la nuit Toulousaine. Je n'y étais pas retourné depuis au moins 4 ans et j'ai été super surpris, l'age moyen devait avoisiner les 24 ans, la musique était electro sans etre de la daube commerciale, le patron est sympa, excellente soirée.
Le lendemain matin, vers 13h, un seul doliprane suffira. Un heure plus tard début du tournoi de poker, les toulousains sont venus nombreux, et pas que de Toulouse d'ailleurs. Albi, Montauban, Perpignan, Arcachon, Caen(!)... les places pour le France Poker Tour s'arrachent et je suis fier d'être l'hôte de cette étape, le cadre n'a rien a envier à un EPT, la salle a une vue exceptionnelle sur la pelouse du Stadium.
Pourtant bien déterminé à prouver que je suis prophète en mon pays je ne ferais pas le day 2, respect des traditions oblige me direz vous.


Cette étape à néanmoins été très agréable, rencontrer tous ces passionnés oblige à relativiser, à réaliser la chance que l'on a d'être sponsorisé, de voyager, et de vivre du poker. J'ai eu l'impression que chacun d'entre eux vivait un peu un rêve par procuration, et ce rêve je peux peut être en écrire un petit chapitre dans les prochains mois, qui sait.


lundi 6 octobre 2008

Fuck the pain away


London, Regent Street.
5h17

"- Are you free?
- Sure where are you going?
- Clapham.
- Come in sir!"

Au bout de trois essais je parviens enfin a comprendre comment la poignée du taxi fonctionne, je monte et m'assois sur le strapontin. Si j'étais de mauvaise foi je tenterais d'expliquer pourquoi j'ai choisi de me mettre sur le siège le plus inconfortable, dos a la route, au lieu de me vautrer sur la banquette. Je vous dirai qu'ouvrir une portière est une tache infiniment plus difficile que vous ne le croyez en Angleterre tant ils ont de mécanismes différents et illogiques.
Mais non, autant le dire de suite, j'étais wasted comme on dit ici.

"- How was the night sir? Big party heh?
- It was a good one..
- You were in that club there? The Maddox?
- Yeah, it's a nice place
- Sure it is, I heard P. Diddy and Keira Knightley are coming here.
- Well, I didn't see Keira...
- Haha too bad for you man, she is very beautiful... "

L'avantage quand on prend un taxi qui est probablement plus vieux que soi, et qu'on décide sans raisons de s'asseoir sur le strapontin, c'est qu'on se retrouve a quelques centimètres du chauffeur. Du coup il peut engager la conversation.

"- Where are you from my friend? Germany?
- No, I'm french. Where are you from?
- Ghana!
- Oh ok
- So were you celebrating something?
- Yeah, busting another huge stack before the day 2 of a big tournament..
- What do you mean?
- Well... I'm a poker player and I played a tournament...
- Oh you won money at poker?
- Not exactly... I had alot of chips in a tournament and lost it all before the end of the first day, which is what i've been doing for the last twelve months now.. and that's not a good thing..
- Oh so you are drinking to forget?
- Yeah maybe.. Sort of."

Puis mon nouveau pote a du me trouver un peu bizarre et décider qu'il valait mieux me laisser tranquille. Moi du coup j'ai regardé Londres défiler par la fenêtre.

Mayfair, le quartier le plus cher de Londres, mais aussi un des plus beau, j'y dinerai le lendemain soir au Shogun, un japonais, en compagnie de toute l'équipe winamax, staff compris, avant une autre soirée ultra arrosée que je ne vous raconterai pas, mais durant laquelle Tallix a eu un "problème", mais rien de grave rassurez vous.
On longe l'immense Hyde Park avant de traverser Chelsea puis la Tamise, c'est a peu près la que je me perd dans mes pensées. Je rejoues les mains, enfin surtout la main de l'EPT de Londres qui m'a fait sauter.

Je viens de perdre trois pots assez importants, il me reste encore 40,000 sur les blindes 300/600, rien de grave sur le papier. C'est sans compter mon passif, San Remo, Mote Carlo, WSOP 1500$, WSOP 5000$ shorthanded, autant de tapis énormes montés pendant les premiers niveaux et perdus en quelques coups en fin de journée. Plus de day 2 depuis Dublin, presque un an maintenant...

Julien Brecard passe, me tape l'épaule en disant "allez ludo plus qu'une heure et demi, c'est rien calme toi". Je suis calme, j'ai juste une impression de déjà vu désagréable. Je folde une ou deux mains, jusqu'à me retrouver en deuxième de parole, avec deux as, rouges, les mêmes qui m'ont fait double up à la première main de la table finale du WPT Barcelone, qui m'ont permis d'éliminer tout le monde, enfin presque puisque la aussi je me suis effondré dans les derniers instants, perdant le heads up final, laissant passer une chance unique de gagner un prestigieux titre.
Je ne suis pas un joueur superstitieux, je ne crois en rien, si ce n'est en l'autodétermination. Je pense que les résultats de chacun reflètent leurs décisions, au poker ou dans la vie d'ailleurs.

Bref la suite vous la connaissez, le lendemain soir, tôt, Antony Lellouche est en finale et Ludovic Lacay est dans le taxi, en train de méditer sur le fait que la brune avec la couette et la Lituanienne avec qui il avait parlé pourraient en réalité être la même personne si la brune avait défait sa couette à un moment x situé entre la 14eme vodka redbull et le 6eme shot de sambuca.

I guess I'll never know...