mardi 11 août 2009

Like a Rolling Stone



"- Je reprendrais bien un café.
Trente petites secondes avaient réussi à me décourager. La page était trop blanche, mes idées trop floues, mon plan inexistant. Ça ne m'a pas arrêté par le passé remarque.
Le café coule, je baisse l'intensité lumineuse de la pièce pour améliorer ma concentration, et décide de changer de chaine. Un peu de musique me mettra dans l'ambiance. MTV bombarde ce qui m'a l'air d'être le tube de l'été, une brunette canon mais adorable, un beat club, un refrain qui fly, ça doit marcher en boite. Je me dis que je devrais l'acheter, c'est frais, et je suis de bonne humeur en ce moment.
Le café est noir et très chaud, je devrais le renverser sur ma page.
La petite brune s'en va, laissant place au dernier Black Eyed Peas dont j'ai été sevré après sept semaines à Vegas.
Je devrais parler de Vegas tiens. C'est obligatoire, mandatory.
J'ai enfin ouvert mon palmarès américain, trois places payées sur une quinzaine de tournois ça va. Et puis le main event, tellement de choses à dire. Comment leur expliquer que je ne suis pas si déçu que ça, que j'ai plus de recul par rapport à mes résultats. Que même si je n'en gagne pas un, je vais souvent loin. Et puis que ça viendra, je le sais, je suis serein.
Et Antoine Saout, dois-je en parler? Ils ont tous vu ma petite pique sur un forum, une micro réponse amusée au flot de critiques reçues quand j'ai osé dire qu'il touchait pas mal de jeu pour rester en vie. Mais je m'en tape tellement de ce qu'ils pensent, je ne vois pas pourquoi je mentirai si je pense qu'il ne serait absolument pas compétitif sur le circuit européen, encore que ça risque de me retomber sur la gueule s'il gagne un EPT cette année. Peu importe, personne ne gagne au poker sans chance, j'aurais du dégager une centaine de places avant mais j'ai touché la seule carte du paquet qui pouvait me sauver.
C'est du poker de tournoi, c'est comme un loto, sauf que certains partent avec un ou deux numéros en plus, quand d'autres oublient de jouer le complémentaire.

Ça s'appelle Ayo Technology, de Millow, et comme un con je n'avais meme pas remarqué que c'était un mek qui chantait subjugué par la danseuse qui n'a après vérification vidéo rien d'adorable - c'est une bombe. Si certains voient venir la trop facile transition vers un récit de soirée arrosée et de relation(s) sexuelle(s) avec un mannequin vénézuelien vous vous fourrez le doigt dans l'oeil. N'est pas FrenchKiss qui veut.
Allez j'achète, ca sera très bien sur mon nouvel ipod, il va falloir bien le remplir avec ce que j'ai prévu pour la nouvelle saison. Exit Metronomy, Minitel Rose, Franz Ferdinand, Pete Doherty etc... C'est pas un sevrage, c'est une overdose.
Mes nouveaux lièvres s'appellent Phoenix, Devendra Banhart, Lilly Allen et Millow donc. Ils vont me suivre de Cannes à Barcelone, en Chypre, sur la Tamise ou en terre Batave. Ceci dit c'est un peu con de dire que le lièvre me suit, je serais grave sur les bases du record du monde quand même. Faudra tenir. Heureusement que je continue le sport, ce petit changement dans ma vie à un effet positif à tous les niveaux.
Je garde quand même Pink Floyd et Billy Joel, obligé.
Je vais mettre ça d'ailleurs, le bon vieux Billy, et me refaire un café. On avance pas.
Je pourrais parler de mes vacances aussi, remarque c'est un peu personnel et boring de raconter qu'on est allé se faire dorer la pilule sous le soleil Apulien dans un monastère rénovée en hôtel luxueux, qu'on a rien foutu à part boire du vin et lu des bouquins.
Ah tiens ils passent Boys Don't Cry sur Ciné Émotion. Tant pis pour le blog, je trouverai bien un truc politiquement correct à raconter... Tant que je traite pas Tall de nain remarque, je risque rien."


vendredi 20 mars 2009

Dix-sept mois plus tôt.



Au siège numéro cinq un jeune joueur français, inexpérimenté, aucune place payée jusqu'ici et un parcours online assez flou. Depuis maintenant 4 jours il bataillait avec les "pros", ceux qu'il méprisait à l'époque pour leurs lacunes techniques apparentes et pour leur trust médiatique aussi. Il en avait marre de voir des Phil Hellmuth, Daniel Negreanu, Doyle Brunson, Johnny Chan, Mike Matusow... Ses grands s'appellaient Mahatma, H@££INGG@L, aba20, TheTakeover, Ozzy87, Rekrul, gandi9, bad_ip, et ils se faisaient encore trop discrets sur la scène internationale.

Il avait les dents longues et comptait bien en envoyer certains à la retraite. Cette table finale en était l'occasion révée, Christer Johansson vainqueur du WPT Paris, Steve Sung pote de Nam Le une star des WPT américains, Vladimir Poletchuk uniquement connu pour avoir fait la table finale de l'EPT Baden quelques jours plus tôt, Markus Lehmann un riche amateur qu'il avait martyrisé pendant deux jours, et enfin l'énigme Hansen.

De tous il était le plus difficile à cerner. Excellent? Juste bon? Ou encore une publicité ambulante créée de toute pièce par les tournois sur invitation à 24 joueurs organisés outre Atlantique? A la télé ou sur les coverages, on l'avait vu faire le pire comme le meilleur, mais ces supports ne valent pas grand chose, qu'en était il réellement?

Ils étaient avec Markus les deux gros outsiders de cette table finale. Et pourtant ils les ont tous surpris, d'abord par leur réussite évidemment, mais aussi par leurs moves inattendus qui résultaient directement de leur insolence pour l'un et de leur opulence pour l'autre. Mais aussi du gros point d'interrogation qui flottait au dessus de leur tête, comment jouent ces deux joueurs? De quoi sont ils capables?

Quand on joue au poker en tournois live, on voit défiler des dizaines de joueurs différents, des vieux, des jeunes, des sponsorisés, des qualifiés, des fumeurs de cigares, des buveurs de whisky, des muets, des bavards, des ricains, des scandis, des porteurs de lunettes ou de casquettes, habiles ou maladroits avec les jetons.. Il ya des centaines de combinaisons possibles.

Au siège numéro cinq un jeune joueur français de 22 ans avec des lunettes noires, un polo lacoste, une barbe de trois jours, il bouge ses jetons sans grande expérience et annonce aléatoirement mes relances. Il regarde toujours le board sauf quand on le regarde dans les yeux, la il fuit et fait attention à ne jamais croiser le regard de son adversaire.
A vue de nez je dirais que ce joueur s'est qualifié dans un satellite local, on est pas loin de la frontière, assez fauché, moyen techniquement, et probablement stressé.
A ça il faut bien entendu ajouter l'historique qu'il a avec ses adversaires. Gus, Christer et Vladimir ont tous joué une tour avec lui a une table à dix joueurs juste avant la table finale a six, Steve lui a eu droit à deux niveaux ou le français a joué très solides à la bulle de la table finale, enfin Markus le connait le mieux puisqu'ils ont joué une dizaine de niveaux ensemble et sait très bien de quoi le frenchie est capable.

A la place de quatre sur cinq de mes adversaires je me serais évalué comme un joueur faisant partie du quota de débutants qui arrivent en tables finales, que j'ai le potentiel de faire un move (et un seul) pendant la table finale, probablement quand ca ira très bien ou très mal, et que je vais jouer solide le reste du temps.
Je me serais donc bluffé une bonne dizaine de fois pendant la table finale et j'aurais tenté deux moves contre mes paires d'as pour jouer sur mon caractère "scared money".

Mais, me direz vous, du coup il n'a aucun mérite à avoir fini deuxième le jeune toulousain? Si quand même vous repondrais-je, il a très bien joué son rôle d'outsider, il a utilisé ce qu'il savait sur eux pour faire ce qu'ils ne savaient pas sur lui jusqu'au heads up ou il a tenté de bully un joueur qui n'attendait que ça.
L'arroseur arrosé.

Alors elle est bien toute cette histoire plus d'un an après mais pourquoi en reparler?
La j'entends déjà les mauvaises langues crier à l'auto promotion tout ça parce que cet épisode du World Poker Tour Spanish Championship va bientôt passer sur Canal Plus (un jeudi à 23h) commenté par Patrick Bruel et Valérie Amarou.
Mais non. L'intérêt de tout ça c'est qu'en dix sept mois je suis progressivement passé du statut de challenger inconnu, à celui de joueur régulier du circuit, voire, et je me permet des millions de guillemets, à celui de """ favori """.

Évidemment c'est pas encore du Gus Hansen quand je me ramène dans un tournoi, les journalistes suédoises ne couinent pas quand je passe, mes adversaires ne crient pas tous "oh no" quand je m'assois à leur table et je ne me permet pas de me vautrer sur trois chaises pour lire un bouquin pendant que je joue... Mais je suis quand même bien à l'aise à une table de poker et il arrive de plus en plus souvent que mes adversaires me reconnaissent sans que moi je ne les connaisse.
Concernant les suédoises, par contre il doit y avoir autre chose que savoir jouer au poker.

Être un """ favori """ veut donc tout simplement dire que les gens s'attendent à ce que je sache faire un tas de trucs, même ceux que je ne fais jamais d'ailleurs. Généralement le favori a une petite étiquette sur la tête, une étiquette qui résume l'intérêt du truc et sur laquelle on va se focaliser comme celles qu'on voit pendant les soldes avec écrit -50% dessus. Elle est fluo, on peut pas la rater et on a pas trop envie de gratter derrière. Ben la mienne elle dit "attention malade mental, monte des jetons et blow up sans arrêt".

Et c'est vrai que j'aime bien ça. Pas blow up non, mais être loose aggro, bluffer, et bien sur monter des jetons. Mais maintenant que tout le monde le sait ça marche moins. Alors la transition vers le statut de """ favori """ (c'est trop relou j'arrête les guillemets dorénavant, de toute façon j'ai un égo surdimensionné) entraîne automatiquement un changement de stratégie, ou disons plus simplement qu'il faut savoir jouer à des vitesses très différentes. En gros il faut que mes adversaires s'attendent à ce que je fasse des moves quand je n'en fait pas et que j'en fasse quand ils s'y attendent le moins et qu'il y a le plus de jetons a voler. Sauf que vu que maintenant tout le monde s'attend a ce que je vole, il faut attendre et faire une opération crédibilité a coup de brelans avant de tenter quoi que ce soit.
Voila le plan.

Mais c'est dur tout ça. Cela vient s'ajouter à l'aspect technique du poker classique, cela lui donne une dimension plus stratégique puisque toute erreur de timing peut entrainer l'élimination et qu'il n'est pas question comme en cashgame de se dire "peu importe, metagame, implied odds, reload et je rejoue cent mille mains".
Il n'y a pas de long terme en tournois, et si il y en a un je ne l'atteindrai pas, donc je ne dois faire aucune erreur, ou du moins essayer.
Forcément quand je dis "utiliser mes armes quand il ne s'y attende plus" il arrive parfois qu'il y en ait un qui n'attende que ça, ou qu'un autre ait brelan, et la on saute comme un con avec cinq high et sur les forums on lit "lol il a encore blowup", et vous savez quoi? Tant mieux.

J'aime ce challenge d'arriver et de savoir que je suis attendu, l'idée de me faire crucifier par mes détracteurs à chaque erreur et encenser par ceux qui m'apprécient à chaque performance rend le tout beaucoup plus excitant et j'avais vraiment besoin de ça.
Depuis le retour de Vegas mon jeu a beaucoup changé et sur le circuit international tout va de mieux en mieux, j'ai bien joué à Londres et Cannes sans trop de réussite avant d'enchainer cinq days deux d'affilée pour un bilan de trois places payées, une table finale, et... un seul grand n'importe quoi quand même! C'était aux Bahamas et je préfére oublier, on a tous des jours sans et mon day 2 la bas en était clairement un, passons.

Bon évidemment c'est bien beau tout ça mais toujours aucun titre international, aucun gros score. Mais tous les compteurs sont au beau fixe et c'est de bonne augure avant l'entame de cette fin d'année chargée, voyez plutôt, San Remo, Monaco, Venise, Vegas et peut être même Dublin. Un gros programme qui est la raison principale de mon absence à Dortmund et Copenhague, ça et le fait que la ville allemande est la plus triste du monde et que les scandinaves sont trop bons pour que j'aille me geler en février sur leurs terres.

J'avais besoin d'un long break avant ces grosses échéances et il m'a fait beaucoup de bien. Je vais pas vous mentir je ne me suis pas beaucoup reposé, mon foie non plus, et je n'ai pas fait le moindre sport. J'ai juste fait la fête avec mes amis et ma famille, sans avoir d'élimination à oublier pour une fois, j'en ai profité pour aller au cinéma ou regarder des matchs à la télé, bref pour vivre une vie un peu plus normale... L'idéal en fait pour recharger les batteries.

Maintenant rassurez vous je continue a jouer, j'ai gagné un petit tournoi live, l'étape Toulousaine du Barrière Poker Tour à 1500€, et je me remet lentement à jouer sur le net. Alors voila, je suis désolé pour le retard dans les mises à jour, mais j'étais en manque d'inspiration au début et trop démotivé devant le retard pris ensuite. Finalement j'ai opté pour un blog plus classique pour mettre à jour, et je vous donne rendez vous bientôt sur mes blogs pour des textes plus décalés et sur le circuit pour mes futurs titres..